La belle année

Cypora Petitjean-Cerf

Stock

  • Conseillé par
    18 mars 2012

    Tracey, onze ans, habite dans une banlieue en région parisienne. Intelligente et vive, elle doit composer avec une mère méprisante et de surcroit enceinte, un beau-père d’origine japonaise qu’elle n’aime pas et un père qui vit dans bulle où les phobies sont nombreuses. Sans compter que cette année, Tracey entre au collège.


    Dans ce roman, la narratrice est Tracey et c’est elle qui nous raconte son quotidien de jeune collégienne en banlieue. Car Tracey a effectué sa rentrée en classe de sixième où elle retrouve son meilleur ami Cosimo et ceux qui jouaient déjà aux caïds en primaire. Dotée d’une forte personnalité, Tracey est autonome.Heureusement car sa mère ne lui montre aucun signe d’amour et l’humilie dès qu'elle en a l'occasion. D’ailleurs, je me suis demandée comment son compagnon pouvait la supporter tant elle est amère et désagréable. Tracey va souvent voir son père qui habite tout près. Là aussi, elle n’a pas gagné à la loterie… Son père ne quitte pas son appartement sans vie sociale ou presque. En une année beaucoup de choses vont changer dans les amitiés et dans les liens familiaux. D’une nature à être sur ses gardes, Tracey va laisser, petit à petit, tomber son armure.

    Un brin espiègle, Tracey nous raconte avec humour et entrain sa vie. Il s’agit d’une lecture plaisante où l'environnement, les relations sont bien décrites (mais qui pour autant ne me laissera pas un souvenir impérissable). De cette auteure j’ai nettement préféré Le musée de la sirène et Le corps de Liane.


  • Conseillé par
    18 février 2012

    Pari risqué mais tenu !

    La Belle année est donc un récit fait par une enfant de onze ans.
    Il est toujours très délicat de faire parler cette tranche d'âge car les pièges sont nombreux. Le vocabulaire tout d'abord : chaque mot doit être pesé. Ainsi ai-je tiqué au début du récit : une enfant de cet âge-là peut-elle vraiment connaître le mot "accabit" ? Heureusement hormis cette interrogation, rien n'a plus fait lever mon sourcil. Les mots utilisés étaient crédibles sans tomber non plus dans une certaine caricature.
    Le fond ensuite : soit nous restons proche de la vie d'une adolescente, et le récit flirte avec le roman de société ; soit nous nous éloignons d'une certaine vraisemblance pour gagner en action ...


    Le parti choisi ici fut celui de la vraisemblance : la tranche de vie d'une adolescente de banlieue. D'anecdote en anecdote, Tracey trace son portrait. Avec les déconvenues, la souffrance, mais aussi les petites joies et les retournements de situation bienvenus. Le tout est vif, emporté, sans tomber non plus dans la caricature. Et très vite, le lecteur devient un membre à part entière de cette famille particulière.
    On souffre avec Tracey, on s'émeut, on sourit en retrouvant avec elle une partie de notre passé. Malgré tout, en filigrane, se dresse un portrait assez sombre de la société contemporaine. Mais loin d'être moralisateur, le récit est avant tout là pour croquer Tracey, une adolescente qui se révèle bien plus débrouillarde que les adultes qui l'entourent.
    Ce parti pris de la vraisemblance a bien sûr quelques défauts : malgré le ton enjoué de la narratrice, force est de reconnaître qu'au milieu du récit l'intérêt s'émousse un peu. Les jours ne se ressemblent pas tous, mais on se demande parfois jusqu'où le roman nous portera. Toutefois Tracey est assez attachante pour qu'on continue de la suivre ...

    La fin arrive alors, plus rapidement qu'on ne l'aurait cru, d'ailleurs. Finalement une année passe vite ... Alors on se rend compte, à la fin du roman, que les adolescents sont véritablement les seuls qui puissent amorcer en une année à peine un virage à 90 °. L'avenir est en eux.
    Une chronique d'une pré-adolescente drôle, enjouée, on est toujours sur la bonne ligne. Ni utopie ni caricature dans La Belle année.